Mon amour fou au Théâtre de la Cité Internationale par Angélique Lagarde
Posté par angelique lagarde le 15 novembre 2017
Mon amour fou © Sébastien Godefroy
Mon amour fou
De et par Roxane Kasperski
Au Théâtre de la Cité Internationale jusqu’au 20 novembre
Pôles opposés, amour court-circuité
Roxane Kasperski, auteure et comédienne, donne voix et corps à cette jeune femme éprise d’un fol amour. La mise en scène d’Elsa Granat nous place en témoins d’une passion qui coûtera ses ailes à un ange. C’est le type d’oeuvre cathartique, qui ébranle, traverse et fait se sentir vivant !
Qui est cette jeune femme qui parle seule, évoque Albert Londres, l’hôpital psychiatrique, nous assène que « la santé d’une société se révèle par l’acceptation de ses fous » (postulat qui évoque entre autres la philosophie de Michel Foucault ) ? « Mon mari est bipolaire comme Chopin et Catherine Zeta-Jones ». Ah d’accord… Bipolaire, ce terme remplace aujourd’hui ce qu’on appelait maniaco-dépressif, il est plus doux, plus rassurant or les pôles n’en sont pas moins éloignés et la souffrance de la compagne, non moins vive. Écartez tout de suite cette idée qui vous vient d’un spectacle emprunt de pathos et de lamentations, ce n’est rien de tout cela, c’est une gifle, une simple gifle, brutale, efficace, qui laisse sans voix, mais ouvre les yeux.
Elle est amoureuse, il est si beau, mais si bizarre, il est « beau-bizarre ». Pour lui, parfois elle est un ange, parfois elle est une putain, elle est un putain d’ange. Sa vie est en friche, son appartement est en friche. Le choix de joncher le plateau des éléments qui la compose (papiers froissés, médicaments, cosmétiques, écouteurs) le surligne. Peut-être que cette scène brouillonne étouffe légèrement l’interprète… mais sa présence suffit à l’ancrer. L’utilisation de la vidéo, loin d’être essentielle s’harmonise tout de même à la mise en scène d’Elsa Granat, juste au demeurant, mais un peu trop « collée » au texte.
Roxane Kasperski interprète ce texte dont elle est l’auteure. Est-ce sont histoire ? Qu’importe… Le temps de la représentation, oui, la sienne, la nôtre, celle d’une femme tombée amoureuse de cet être ineffable, parfaitement imparfait qui ne peut inspirer qu’un fol amour. Une écriture brute, non pas une complainte, un besoin d’exulter, d’exister. La jeune comédienne encore emprunte des « mécanismes » enseignés dans les écoles d’acteurs semble s’approcher ici de son jeu, de son « je », il faut la suivre et ne pas manquer son envol lorsque le papillon quittera définitivement sa chrysalide.
Angélique Lagarde
Théâtre de la Cité Internationale
17 Boulevard Jourdan
75014 Paris
Réservations au 01 43 13 50 60