Lenz au Festival d’Avignon par Marie-Laure Atinault
Posté par angelique lagarde le 13 juillet 2016
Lenz
D’après Jacob Michael Reinhold Lenz, Georg Büchner et Johann Friedrich Oberlin
Adaptation et mise en scène de Cornelia Rainer
Avec Anne Bennent, Jele Brückner, Jakob Egger, Markus Meyer,
Heinz Trixner et le percussionniste Julian Sartorius
Au Festival d’Avignon jusqu’au 13 juillet
L’ivresse des cimes
La jeune metteuse en scène tyrolienne, Cornelia Rainer présente un spectacle qui défie les cimes. Rien d’étonnant à cela puisque sa compagnie s’appelle Les Montagnes Russes !
Le poète Jacob Lenz (1751-1792) s’est lancé dans un périple. Lui le disciple de Goethe, est las d’être dans l’ombre du maître de Weimar. Las également de l’étiquette de la cour, et déçu en amour. Il traîne une mélancolie, qui inquiète ses amis. Il est expulsé de la principauté de Weimar pour avoir selon Goethe « commit une ânerie ». Lenz ne supporte pas vraiment les conventions en usage. Malgré son statut de poète, il bouleverse l’ordre. Il arrive au Ban de La roche dans les Vosges chez le pasteur Friedrich Oberlin. Il va rester 21 jours chez le pasteur qui l’accueille. Charmant, imprévisible, il étonne, séduit, agace. Dans la chaleur et l’intimité du foyer du pasteur, Lenz est un « ange » perturbateur. Oberlin pense que le remède pour l’homme est la foi. Lenz pense que la foi n’est pas une issue.
Cornelia Rainer a fait un montage de texte des plus judicieux et séduisants. Lenz a inspiré à Goethe son Werther. Georg Büchner a écrit un texte sur l’auteur du « Précepteur ». Cornelia Rainer a puisé également dans les écrits du pasteur Friedrich Oberlin. Le résultat est remarquable car parfaitement compréhensible par chacun. Cornelia Rainer a immédiatement trouvé que ces textes recelaient une petite musique. Elle vient d’une famille de musicien. Avec Julian Sartorius, ils ont trouvé une ligne musicale pour la scène, utilisant à la fois des chants religieux et une musique originale.
Le décor est un personnage à part entière. Il est tout en bois : une grande estrade, avec des trappes qui seront un puits, une cachette, etc. Une grande boucle de bois, comme celle des montagnes russes parcourt tout l’espace. Les costumes sont de l’époque de Lenz. Ils positionnent et l’époque, et les personnages. Il y a une grande vitalité dans cette mise en scène. Même si une bonne partie du public ne parle pas allemand, les intertitres très clairs permettent d’apprécier le spectacle.
Cornelia Rainer est à suivre, son Lenz est un spectacle très bien construit. La maîtrise de la direction d’acteurs tous à l’unisson, la musique jouée en directe par Julian Sartorius, le décor qui illustre à la fois la montagne et les affres du poète font de ce spectacle une réussite.
Marie Laure Atinault
Festival d’Avignon
Cloître Saint-Louis
20 rue du Portail Boquier
84000 Avignon
Réservations au 04 90 27 66 50