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41 ans au Théâtre de la Ville de Serge Peyrat par Irène Sadowska Guillon

Posté par angelique lagarde le 11 décembre 2014

Peyrat Plat de couv

41 ans au Théâtre de la Ville
Le temps de la mémoire 1967- 2008
De Serge Peyrat
Aux éditions de l’Amandier

Une vie dans et pour le théâtre

Serge Peyrat était avec Jean Mercure et Gérard Violette au berceau du Théâtre de la Ville et les a accompagné durant leur direction de ce théâtre, l’un entre 1967 et 1985, l’autre entre 1985 et 2008. Son itinéraire se confond avec celui du Théâtre de la Ville, dont il consigne 41 ans de mémoire dans ce livre dont la parution est endeuillée par la disparition de Gérard Violette. Dans le tissu de la mémoire vivante du Théâtre de la Ville qu’il incarne, Serge Peyrat inscrit de nombreux témoignages d’artistes, de collaborateurs, des souvenirs, des anecdotes, nous introduit dans l’intimité du travail théâtral, raconte ses voyages à la recherche de spectacles.

Alors qu’il fait des études de Lettres et de droit à Aix-en-Provence Serge Peyrat s’initie au théâtre dans une troupe de théâtre universitaire puis débute comme acteur à la Comédie de Provence. À Paris il rencontre Jean Mercure qui monte à l’Opéra Comique Vol de nuit de Dollapiccola et cherche un assistant connaissant la musique et l’italien. Serge Peyrat est cet homme. C’est le début d’une longue complicité artistique et d’une amitié qui se poursuivra jusqu’à la mort choisie de Jean Mercure en 1998.

Dès le départ, Serge Peyrat accompagne avec Gérard Violette le projet de Jean Mercure pour le Théâtre de la Ville inauguré en 1968. Acteur mais aussi initié aux techniques de la scène dont les éclairages, il est assistant à la mise en scène de Jean Mercure pour 16 créations et de Lucian Pintilié pour 11 spectacles, metteur en scène lui-même, puis adjoint à la programmation, Serge Peyrat était à la fois un homme-orchestre et une éminence grise du Théâtre de la Ville.

Dans sa préface pour ce livre Gérard Violette parle de l’amitié et de la complicité avec Serge Peyrat, de son sens de l’humour, de sa curiosité pour les nouvelles formes et les expressions scéniques, de sa générosité à l’égard des artistes accueillis au Théâtre de la Ville. Gérard Violette et Serge Peyrat, collaborateurs les plus proches de Jean Mercure étaient dès le départ des artisans de nouvelles voies et de la pluridisciplinarité au Théâtre de la Ville avec entre autres les musiques du monde, la création chorégraphique, etc.

Au fil des saisons Serge Peyrat raconte les découvertes de quelques uns des plus grands metteurs en scène et chorégraphes invités au Théâtre de la Ville, souvent dans le cadre de sa collaboration avec le Festival d’Automne : Giorgio Strehler, Lucas Ronconi, Peter Stein, Klaus Mikael Grüber, Peter Zadek, Bob Wilson, Peter Selars… Le Théâtre de la Ville a accompagné avec une fidélité rare le parcours de certains de ces créateurs exceptionnels comme par exemple, pendant 30 ans Pina Bausch, Anne Teresa de Keersmaeker, Jan Lauwer… Serge Peyrat évoque ces instants d’exception mais aussi les moments tragiques dont l’incendie du théâtre le 31 janvier 1982 qui fermera le théâtre pendant un an.

La réputation nationale et internationale du théâtre croit de saison en saison. En 1985 Gérard Violette succède à Jean Mercure à la tête du Théâtre de la Ville. Serge Peyrat devient directeur adjoint à la programmation, fonction qu’il va assumer jusqu’en 20058 quand il quitte, avec Gérard Violette, le Théâtre de la Ville. Depuis 1985 la priorité est donnée davantage aux auteurs vivants, contemporains, ainsi qu’à la création de jeunes metteurs en scène et chorégraphes. Le Théâtre des Abbesses qui ouvre en 1996, mais aussi une programmation « hors les murs », en collaboration avec d’autres salles, permettent de multiplier les créations, les représentations et d’ouvrir le théâtre davantage à d’autres cultures.

Dans le chapitre « Carnets de voyages » Serge Peyrat raconte ses recherches de formes traditionnelles de spectacle à Bali, en Chine, en Inde. Les souvenirs professionnels et personnels s’entremêlent, tout au long du livre, donnant aux faits et aux événements racontés une dimension plus intime, plus émotionnelle.

Dans la partie Annexes on trouvera : des lettres de Pina Bausch et de Lucian Pintilié adressées à Serge Peyrat, l’historique du théâtre avec les équipes artistiques, techniques, administratives, les programmes théâtre danse 1968 – 2008 , la liste des metteurs en scène, des acteurs et des chorégraphes partenaires de l’aventure, ainsi que le programme théâtre et danse « hors les murs » de 1985 à 2008 et le programme du Théâtre des Abbesses de 1996 à 2008.

Jorge Lavelli qui a inauguré en 1968 le Théâtre de la Ville avec Beaucoup de bruit pour rien de Shakespeare et qui y est revenu en montant L’ile pourpre de Boulgakov (1973), La mante polaire de Rezvani (1977) et Le conte d’hiver de Shakespeare (1980), témoigne du projet de ce théâtre, pionnier à plusieurs titres : « Jean Mercure a été inspirateur et bâtisseur moral du Théâtre de la Ville (…) C’est à travers une planification audacieuse et inventive que ce lieu devient progressivement une référence théâtrale et un espace de découverte pour la musique contemporaine, la danse et d’autres disciplines du spectacle vivant. »

Irène Sadowska Guillon

41 ans au Théâtre de la Ville
Le temps de la mémoire 1967- 2008
De Serge Peyrat
Aux éditions de l’Amandier
455 pages, prix 25 €

 

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