Rencontre avec Misia au 15ème Festival de Fado à Madrid par Irène Sadowska Guillon
Posté par angelique lagarde le 26 juin 2014
Misia © André Delmas
Rencontre avec Misia
15ème Festival de Fado à Madrid
Hommage à la grande Amalia Rodriguez
Au fil de ses éditions le Festival de Fado à Madrid s’est affirmé comme un des plus importants événements de fado au niveau international. Aux côtés de deux grandes stars de fado, Misia et Carlos do Carmo, la 15ème édition du festival du 18 au 21 juin 2014 a fait découvrir une jeune et déjà reconnue fadiste Gisela João. A l’affiche du festival accueilli au Teatro del Canal et à la Filmothèque espagnole, articulé autour de la thématique : le fado et le cinéma, concerts, un cycle de six films sur le fado, conférences, ateliers, exposition sur le fado au cinéma.
Plus que jamais vivant, se renouvelant en permanence à travers les générations successives de ses interprètes le fado s’est imposé depuis quatre ans à Madrid comme un événement musical important. Le maître incontestable et référence incontournable pour les jeunes fadistes, Carlos do Carmo, qui fête en 2014 50 ans de carrière, venu déjà au Ier. Festival de Fado à Madrid, est revenu cette année en ajoutant de nouveaux titres aux grands succès de son répertoire Estrella de la tarde, Un hombre en la ciudad, Barrio alto, Lisboa menina e mozo. Fils de Lucia do Carmo une plus grandes fadistes du XXe siècle, Carlos do Carmo ne cesse de parcourir le monde en chantant dans les plus grandes salles comme l’Olympia à Paris, les opéras de Francfort, de Wiesbaden etc.
À côté de ce vétéran du fado on découvrait à Madrid Gisela João qui a sorti à la fin de 2013 son premier album avec 14 chansons rassemblées autour de la thématique « même si la réalité fait mal il vaut mieux la regarder en face ». Gisela João chante des textes de poètes mais reprend aussi dans son disque et dans son tour de chant certaines chansons populaires qu’elle réactualise en modernisant les rythmes. Elle impressionne par sa façon de jouer du registre de sa voix et par sa présence sur scène.
C’est pourtant Misia qui était une véritable étoile du Festival. En débutant au début des années 1990 elle révolutionne et modernise le fado, ajoute de nouveaux instruments, invente son propre style si bien que dans son pays on l’appelle « l’anarchiste du fado ». Sa voix fascine, hypnotise. Les grands poètes et auteurs comme José Saramago ont écrit des textes pour elle, Patrice Leconte a tourné son clip, les plus grands Prix : celui de l’Académie Charles Cros en France et celui de la Critique discographique en Allemagne ont couronné son travail.
Dans son album Senhora de noite (2012) avec des chansons sur des textes des auteurs et poétesses femmes (Agustina Bessa Luis, Helia Correia, Flor Bella Espanca, Lidia Jorge, Manuela de Freitas…) Misia retourne aux tons plus traditionnels du genre. Après son album et spectacle Delikatessen café concerto en 2013, elle crée au Festival de Madrid son nouveau spectacle de facture plus traditionnelle, qui fera l’objet de son prochain album, Hommage à Amalia Rodriguez. A cette occasion, avec sa spontanéité naturelle, elle a accepté de répondre à quelques questions.
Kourandart : Vous êtes très connue, très aimée et toujours très attendue en France. Angélique Ionatos, la grande chanteuse franco grecque vous a accompagné à vos débuts sur les scènes françaises…
Misia : Je lui dois beaucoup. Nous ne sommes pas seulement des amies, c’est une grande dame, je l’admire énormément. Chaque fois que je chante je pense à elle.
Votre dernier spectacle et votre dernier album qui sort en août 2014 porte un titre très intrigant Delikatessen café concerto. Que signifie-t-il ?
C’est un menu très spécial, très raffiné. J’y ai repris dans une nouvelle version, entre autres La chanson d’Hélène chantée par Romy Schneider dans le film Les choses de la vie et Les mots d’amour d’Édith Piaf. Cet album c’est comme un dîner en temps de crise dans lequel je mange mes chansons comme des plats réchauffés, ce qui reste dans le réfrigérateur presque vide. J’ai pensé aussi à Charlie Chaplin qui dans un de ses films, au son d’une danse hongroise de Brahms, mange ses chaussures.
Vous créez au Festival de Fado à Madrid votre nouveau spectacle Hommage de Misia à Amalia Rodriguez. Qu’est-ce qui l’a inspiré ?
Amalia Rodriguez est morte il y a 15 ans. Mais elle est devenue éternelle. Pour moi elle est toujours plus vivante à travers ses chansons et les gens qui parlent d’elle. Durant tout mon parcours professionnel je n’ai jamais repris des chansons de son répertoire. C’est pourquoi j’ai voulu lui rendre cet hommage en revisitant ses chansons et en demandant à quelques poètes d’écrire des textes spécialement pour ce projet qui j’espère fera l’objet de mon prochain album.
Propos recueillis par Irène Sadowska Guillon
Festival de Fado Madrid
www.festivalfadoMadrid.com
Gisela João prochains concerts en juillet et en août au Portugal
CD Gisela João Valentin de Carvalho Éditeur