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Dom Juan de Molière – Mise en scène d’Arnaud Denis au Théâtre 14 par Marie-Laure Atinault

Posté par angelique lagarde le 24 avril 2014

Dom Juan

Dom Juan © Lot

Dom Juan
De Molière
Mise en scène d’Arnaud Denis
Avec Jean-Pierre Leroux, Alexandra Lemasson, Vincent Grass, Eloïse Auria, Jonathan Bizet, Julie Boilot, Loïc Bon, Gil Geisweiller, Stéphane Peyran et Arnaud Denis.
Au Théâtre 14 jusqu’au 26 avril

Vers quoi court Dom Juan Tenorio ? Une ballade tragique vers une mort annoncée ? En se tenant près du texte, en revenant aux sources de la création de la pièce, Arnaud Denis nous en livre l’une des meilleures mises en scène que nous ayons vue depuis fort longtemps.

Les fées autour du berceau du petit Arnaud furent généreuses : beau comme un prince charmant, intelligent, talentueux et lettré. Il  a mis au service de son art ses qualités auxquelles il faut ajouter un travail insatiable. A chacune de ses créations avec sa compagnie Les Compagnons de la Chimère, Des Fourberies de Scapin aux Femmes Savantes, en passant par L’Ingénu, il nous subjugue à chaque fois par la pertinence de ses mises en scène !

Dom Juan tient une place à part dans l’œuvre de Molière. Arnaud Denis est revenu aux sources de la création de la pièce. En cela ce parti-pris et passionnant et éclaire l’œuvre de mille flambeaux. Il faut le dire et le redire le Dom Juan de Molière n’est pas le Don Giovanni de Mozart.  Molière écrit la pièce en quinze jours, bouleverse les trois unités, se joue des conventions. Son « héros »  est un noble brillant et noir. Il n’est pas un amoureux impénitent. Ce qui intéresse Dom Juan c’est la conquête et finalement assez peu le passage à l’acte. Tous les paradoxes du monde sont chez ce grand d’Espagne que l’on croise en Sicile, retrouve dans une forêt ancestrale aux frondaisons épaisses qui n’arriveront pas à cacher sa fuite. S’il fuit les frères d’Elvire, il sait faire preuve de courage voire de bravoure, en volant au secours d’un homme attaqué. «  Ce grand seigneur méchant homme » est un gentilhomme. Il brave tout, la société, la religion, la colère d’un père. Sganarelle son fidèle serviteur, le contre. Il est sa conscience, qu’il malmène, même si, il lui donne de temps en temps la permission de le disputer. Dans sa fuite, Dom Juan devra honorer son rendez vous avec la mort.

Arnaud Denis, et grâce lui en soit rendues, a choisi de monter la pièce en costumes d’époque. Le décor sera tour à tour forêt, palais, tombeau, plage. Les lumières de Laurent Béal sont les complices du décor d’Édouard laug. Le public est plongé dans ette histoire haletante. La scène des paysannes est de pure comédie, une vraie réussite ! Stéphane Peyran joue Pierrot le paysan malheureux, dans la tradition, avec un accent patoisant qui parfois submerge le texte. Pas de caricature ici, mais un comédien excellent qui nous fait comprendre toute la détresse d’un amoureux trahi ! Jean-Pierre Leroux est Sganarelle, le pauvre perd ses gages mais il gagne sa plus belle composition ! Vincent Grass en père noble offensé par ce fils dévergondé est impressionnant. Arnaud Denis est un Dom Juan auquel il est difficile de résister. Lorsqu’il se précipite corps et âme dans la débauche, il a la beauté du Diable ! La mise en scène prouve un sens aigue du plateau, une intelligence du texte qui ne se repose pas sur les mises en scène précédentes et les traditions mais sur une mise en abîme du texte de Molière. L’alternance des scènes de comédie enlevées, les scènes impressionnantes avec le commandeur et le combat d’escrime forment l’une des plus belles mise en scène que nous ayons vue de Dom Juan. Elle fera date.

Marie-Laure Atinault

Théâtre 14
20, Avenue Marc Sangnier
75014 Paris
Réservations au 01 45 45 49 77

 

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