Teatro a Corte – Bilan d’une treizième édition réussie par Angélique Lagarde
Posté par angelique lagarde le 30 septembre 2013
Yoann Bourgeois – la balance de Lévité © Benoit Fortrye
Teatro a Corte en deux mots : audace et générosité !
Cette année encore, du 5 au 21 juillet dernier, la programmation du festival turinois Teatro a Corte dirigé par Beppe Navello a su nous étonner par de superbes créations in situ tout en nous révélant les splendeurs des demeures de la Maison de Savoie. Si cette édition est achevée, ne manquez pas la possibilité de voir ou revoir les coups de cœur de la rédaction que nous avons pu découvrir sur le troisième week-end du festival dont vous trouverez pour chacun les liens vers leurs sites respectifs et les tournées nationales ou internationales. Bon voyage !
Luí Angelini et Paola Serafini, compagnie La Voce delle Cose © Benoit Fortrye
La Voce delle Cose
Macchina per il Teatro Incosciente
Les marionnettistes italiens Luì Angelini et Paola Serafini ont ponctué le festival de leur entresort, la Macchina per il Teatro Incosciente, un petit bijou de théâtre d’objet qui met le spectateur en position de manipulateur « inconscient ». Retrouvez l’intégralité de notre rencontre avec la Voce delle Cose ici et leur date de tournée ainsi que leur exposition virtuelle sur le site de la compagnie : www.lavocedellecose.it
1927 - The animals and the children took to the street © Benoit Fortrye
1927
The animals and the children took to the street
Le talent des anglais de 1927 n’est plus à démontrer, aux applaudissements français du Théâtre de la Ville et du Festival d’Avignon la saison dernière, ont succédé ceux des turinois, enchantés de découvrir ce bijou de créativité et d’humour noir au Théâtre Astra. Suzanne Andrade à l’écriture, au jeu et à la mise en scène forme un parfait binôme avec Paul Biarritt, créateur des films d’animation qui forment la scénographie de chacun de leurs spectacles. Ici, l’élément vidéo est bien plus qu’une illustration mais fait partie intégrante de l’œuvre, au même titre que les musiques de Lilian Henley et les costumes d’Esme Appleton, toutes deux également comédiennes. C’est un bel exemple d’harmonie que cette proposition qui nous emmène dans les bas-fonds de l’Angleterre dans une peinture qui aurait pu être réalisée à quatre mains par Charles Dickens et Fritz Lang. Avis aux amateurs de Tim Burton, vous allez vous régaler !
Prochaines dates françaises :
Du 6 au 8 décembre 2013 au Phénix Scène nationale de Valenciennes
Du 12 au 15 décembre 2013 au Théâtre national de Marseille La Criée
Du 18 au 19 décembre 2013 au Théâtre La Renaissance à Lyon
Retrouvez les détails de leur tournée internationale sur leur site : www.19-27.co.uk
Alexandra Broeder - Wasteland / And they will be led by a child © Kamerich & Budwilowitz/EYES2
Alexandra Broeder
Wasteland / And they will be led by a child
N’ayez crainte, laissez vous guider… Vous ne risquez rien ou presque, si ne n’est de perdre tous vos repères. Pour la metteure en scène néerlandaise, Alexandra Broeder le spectacle est un jeu d’enfant, un jeu dangereux si l’adulte ne suit pas les consignes de ces chérubins. Certains vivront cette expérience comme une source d’angoisse, guidé par de jeunes êtres fantomatiques qui tirent les ficelles des pantins que nous sommes, d’autres pourront trouver attachants ses enfants perdus de Wasteland, un territoire dont ils sont les maîtres. Quoi qu’il en soit, cette expérience est à vivre ! Perdus dans la forêt turinoise, nous n’oublierons jamais ce formidable exemple de la nécessité du lâcher-prise. Si vous souhaitez en savoir plus sur l’étonnant travail que mène Alexandra Broeder dans ses créations qui ne comptent que des enfants âgés de 7 à 11 ans, dans des formes plus déroutantes les unes que les autres, consultez son site : alexandrabroeder.wordpress.com
Ilona Jäntti dans Gangewifre © Benoit Fortrye
Ilmatila / Ilona Jäntti
Gangewifre
La finlandaise Ilona Jäntti s’est prêtée au jeu de la création in situ pour transposer son art de l’acrobatie dans les arbres des jardins du Château de Racconigi. Si elle se meut à l’accoutumée dans des espaces urbains, elle a joliment relevé le défi en nous présentant ici une insertion artistique réussi dans une ambiance naturelle. Habituée à déambuler dans des lieux clos comme des théâtres ou des musées, elle dit avoir vécu ici sa première expérience d’espace « sans fin ». Accompagnée de la violoncelliste, Stefania Riffero, Ilona Jäntti nous a offert une charmante bulle de poésie.
Retrouvez toutes ses créations sur le site de la compagnie : ilmatila.com
Yoann Bourgeois – la balance de Lévité © Benoit Fortrye
Yoann Bourgeois
La Balance de Lévité
L’an passé, pour notre plus grand plaisir, le circassien nous avait enchanté avec ses Fugues dans les jardins de la Venaria Reale (entendez le Versailles turinois) sur des airs de Bach. Pour cette nouvelle édition, il nous présente sa dernière machine, la Balance de Lévité. Ce dispositif représenterait le véritable concept de Lévité (bien que nous ne sachions pas s’il s’agit d’une véritable personnalité historique) dont l’observation aurait conduit Newton à rédiger la loi universelle sur la gravitation. Quand la petite et la grande Histoire se croisent ce qui en résulte c’est un pur moment de magie et c’est encore une fois ce que nous a offert Yoann Bourgeois dans ce cadre idyllique des jardins du Château de Racconigi.
Retrouvez tous les spectacles et les dates de tournées sur le site de la compagnie : www.cieyoannbourgeois.fr
Luc Amoros – Page Blanche © Benoit Fortrye
Luc Amoros
Page Blanche
Page Blanche est une immense fresque de peinture et de lumière qui se construit et se déconstruit, en musique, sous nos yeux. Si l’œuvre spectaculaire de Luc Amoros est quasi un classique des festivals français, les spectateurs de la Venaria Reale ont eu la chance d’assister à cette première italienne et encore une fois, nous saluons l’audace et les choix artistique de Beppe Navello. Sur un immense échafaudage des peintres chanteurs s’affairent et sous forme de panneaux mobiles, apparaissent des slogans, puis des images pour petit à petit pour n’en créer qu’une et façonner ainsi les tableaux les plus divers, des mythes ancestraux aux cris de la rue qui veut se réapproprier son histoire et son territoire jusqu’aux Femmes de Tahiti de Gauguin. Pour résumer sa proposition et nous n’aurions mieux su l’illustrer, Luc Amoros aime à citer les aborigènes d’Australie pour qui « Le monde n’existe que s’il est peint et chanté ».
Retrouvez tous les spectacles et les dates de tournées sur le site de la comapgnie : www.lucamoros.com
Nous saluons toute l’équipe du festival pour sa générosité et son exigence artistique, quant à vous chers spectateurs, nous vous souhaitons d’avoir la chance de voir ou revoir ces belles propositions et surtout ne manquez pas l’édition 2014 de Teatro a Corte que nous espérons de tout coeur pouvoir se maintenir en dépit des contraintes financières auxquelles la vie culturelle italienne doit faire face !
Angélique Lagarde
Site officiel du festival : teatroacorte.it