Prémices 02 Festival Jeune Création Théâtrale par Delphine Adelphe
Posté par angelique lagarde le 28 mai 2013
Prémices 02 Festival Jeune Création Théâtrale
Du 23 au 30 mai à Lille, Tourcoing et Villeneuve d’Ascq
5 x 2 invitations à gagner mercredi 29 mai pour Je suis une mouette d’après La Mouette d’Anton Tchekhov dans la mise en scène de Renaud Triffault au Théâtre de l’Idéal à Tourcoing
Vivier de talents !
Prémices 02 est le rendez vous très attendu par les amateurs de théâtre, curieux de découvrir le travail des jeunes compagnies. Le Festival est une belle initiative de Stuart Seide et de Didier Thibaut respectivement directeur du théâtre du Nord à Lille et de La Rose des Vents à Villeneuve d’Ascq, scène nationale. Cette deuxième édition est aussi dense que la première. Il se passe décidément toujours quelque chose dans le Nord de la France. On est heureux de retrouver des élèves de l’EPSAD qui volent de leurs propres ailes avec des spectacles qui ne sont ni complaisants, ni faciles mais qui prouvent leur détermination, leur regard sur le monde. Prémices est décidément un vivier de talent.
Le Festival débute avec Sisyphski, la cité des astres, écrit et mise en scène par Thomas Piasecki qui présentera également Après le déluge. Comme son patronyme l’indique, il est le descendant de ces Polonais qui sont devenus des gueules noires des corons et ont connu en leur temps, des problèmes d’intégration et de suspicions diverses. Sisyphski est un conte social, sensible. On parle de ces ouvriers qui relèvent la tête, des travailleurs des entrailles de la terre qui rêvent d’azur pour leurs enfants. Sur le plateau, un musicien, Guillaume Hairaud, qui selon l’auteur, représente le chant du canari que l’on emmenait au fond de la mine ; en cas de grisou le canari mourrait et sa mort annonçait une fuite de gaz. La scénographie est simple et démonstrative. L’aire de jeu est délimitée par une poussière de charbon, celle insidieuse qui donne le travail et la mort. Une table et des chaises qui seront utilisés pour décrire d’autres lieux. Il transparaît dans ce spectacle beaucoup d’amour et une réflexion pertinente sur le monde du travail. L’autre spectacle Après le déluge nous semble moins abouti. Mais il n’en demeure pas moins que le travail de Thomas Piasecki est à suivre.
Purgatoire à Ingolstadt © Julien Piffaut
Purgatoire à Ingolstadt de Marieluise Fleisser mise en scène par Maëlle Poésy, est un spectacle très attendu. Ce texte est en ce moment l’un des plus monté en Allemagne. Marieluise Fleisser fut l’une des compagnes de Bertolt Brecht, Purgatoire à Ingolstadt est sa première pièce qu’elle écrivit à 23 ans en 1924. On est saisi par la description de cette petite ville provinciale où les rapports au sein d’un groupe de jeunes gens est âpre, violent, dans une société où tout doit être sous contrôle. L’Allemagne se relève difficilement de la défaite de la grande guerre et de l’humiliation mondiale. Le sentiment de revanche, un nationalisme fort et le poids des religieux tout cela forme un carcan peu propice au rêve et à l’humanisme. Maëlle Poésy signe une mise en scène maîtrisée, avec des moments fulgurants et de jeunes comédiens qui jonglent avec différents rôles. C’est dur, violent, arrogant, terriblement inquiétant. Un spectacle coup de poing qui ne laisse pas intact.
Modeste proposition © Anne-Laure Sabatier
Modeste proposition de et par Jonathan Heckel d’après le texte de Jonathan Swift. Quelle joie de retrouver Jonathan Heckel, comédien issu de l’illustre école de Stuart Seide. Le spectacle est d’une forme originale. Il peut se jouer dans un café, un bar, un restaurant. Un cuisinier, mais peut-être est-ce un boucher, vient interpeller les consommateurs et leur propose de leur faire à manger. Avec un art consommé, il tranche la viande, fait caraméliser les oignons. Il parle de l’endroit où nous sommes et des problèmes de la ville, tout en s’activant. La pauvreté, la misère oui Monsieur, oui Madame. Mais il y a des solutions. Il y a de plus en plus de pauvres, et qui font des bébés qui seront pauvres à leur tour. Il y a des solutions, CQFD ! Le texte de Jonathan Swift et celui de Sénèque sur Thyeste font froid dans le dos. Nous ne vous en dirons pas plus. Il faut voir Jonathan Heckel trancher et cuisiner en parlant avec nous sur le ton familier que l’on peut avoir avec un commerçant sur le marché et prendre le pouls du monde. Ludique, gourmand, philosophique. Vous êtes alléché ? Ne soyez pas triste le spectacle sera à Paris à la rentrée à la Maison des Métallos (les 10, 11 et 12 septembre) !
Je suis une Mouette © Simon Gosselin
Autre grande attente du Festival Je suis une Mouette d’après La Mouette d’Anton Tchekhov dans la mise en scène de Renaud Triffault avec entre autres Noémie Gantier que nous avions remarquée l’année dernière. La pièce est resserrée autour des comédiens et de la difficulté d’êtres artistes, que l’on s’appelle Nina, Tréplev, Trigorine, Arkadina, Medvédenko et bien sur Macha. Devenir un artiste, s’affirmer, le rester, et ouvrir les yeux sur soi, accepter de ne pas être un artiste. Renaud Triffault a réunit ses camarades tous comme lui des anciens de l’EPSAD. Encore une brillante démonstration de la réussite et de la qualité de cette école, et du talent de ses « ressortissants ».
Delphine Adelphe
Toutes les informations sur le festival sur le site du Théâtre du Nord : www.theatredunord.fr
Théâtre du Nord
4 Place du Général de Gaulle
59800 Lille
Réservations au 03 20 14 24 24
Théâtre de l’Idéal
19, rue des Champs
59200 Tourcoing
Réservations au 03 20 17 93 30
La Rose des Vents
Boulevard Van Gogh
59563 Villeneuve-d’Ascq
Réservations 03 20 61 96 90