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La bande du Tabou Cabaret Saint-Germain-des-Prés au Théâtre 13 Jardin par Irène Sadowska Guillon

Posté par angelique lagarde le 14 mai 2013

La bande du Tabou Cabaret Saint-Germain-des-Prés au Théâtre 13 Jardin par Irène Sadowska Guillon dans Danse tabou3-300x200

La bande du Tabou © Benoit Fortrye

La bande du Tabou
Cabaret Saint-Germain-des-Prés
Création collective sur une idée originale de Yveline Hamon et Jean-Pierre Gesbert.
Avec Claire Barrabès, Fiona Chauvin, Sol Espeche, Antonin Meyer-Esquerré, Pascal Neyron, Yoann Parize, Lorraine de Sagazan, Jonathan Salmon, Guillaume Tarbouriech et les musiciens Cédric Barbier, Delphine Dussaux et Lucas Gaudin
Au Théâtre 13 Jardin du 14 mai au 23 juin

Le tabou de toutes les libertés

« Il n’y a plus d’après à Saint-Germain-des-Prés » dit la chanson mais il reste la légende de ce quartier qui dans l’immédiate après-guerre incarnait l’Eden de l’explosion de toutes les libertés, de tous les possibles, où les artistes, écrivains, musiciens, poètes, philosophes se donnaient rendez-vous. Un lieu d’effervescence extraordinaire des arts, des idées, des musiques nouvelles, où l’existentialisme avec Sartre pour prophète, se diffusait aux rythmes du jazz américain et des chansons de Boris Vian, de Prévert, de Queneau…

Au cœur de ce monde agité, festif, un lieu de « perdition », la cave mythique du Tabou, découverte dans un bar rue Dauphine un matin de 1947 par Juliette Greco. C’est là que les figures emblématiques de l’époque : Boris Vian, Greco, Sartre, Beauvoir, Montand, Signoret, Renaud, Barrault, Miles Davis, et d’autres, prennent leurs quartiers nocturnes au grand dam des bourgeois affolés.

Si le Tabou m’était conté… Voici le défi d’une bande de jeunes acteurs, chanteurs, danseurs, issus de l’École du Studio d’Asnières, qui revisitent dans leur création collective, La bande du Tabou, la légende de ce lieu mythique. Pas de nostalgie, ni de regrets dans le spectacle, de cette époque révolue de liberté, d’invention, de création débridées et d’espoirs infinis. L’énergie, l’enthousiasme, le savoir-faire, l’humour et la bonne humeur de ces acteurs de bonne foi, bourrés de talent, laissent plutôt croire que tout cela est aujourd’hui possible à reconquérir.

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La bande du Tabou © Benoit Fortrye

Hommage à la tradition du cabaret La bande du Tabou croise le cabaret et le théâtre, entrelaçant les chansons, numéros chorégraphiés, sketchs humoristiques. La dramaturgie du spectacle, articulée autour des grands thèmes et des figures emblématiques de Saint-Germain-des-Prés des années 1950 : l’existentialisme, la fascination par le jazz et l’Amérique, la création artistique tout azimut, la poésie et la chanson, concentre sa trame dans un lieu unique, la célèbre cave existentialiste le Tabou. Pas de tentative de reconstitution de l’époque, le ton décalé est donné d’emblée : on revisite cette histoire avec l’humour, la liberté et la distance du regard d’aujourd’hui autant dans le traitement des séquences que dans l’interprétation des personnages jamais dans l’imitation ni des voix ni des postures mais toujours décalée, réinventée, parfois en caricature du prototype.

La figure de Boris Vian, ingénieur de formation, artiste, génie protéiforme, écrivain, poète, compositeur, trompettiste et chanteur, l’âme du Tabou, qui, foudroyé par une maladie cardiaque en 1959 à 39 ans, a traversé telle une comète cette époque, évoqué dans des sketches et par ses chansons, constitue le fil rouge du spectacle. Parmi ses chansons Fais moi mal Johnny, La java des bombes atomiques, J’suis snob, Strip Rock, Je bois, et, saisissantes d’émotion, Je ne voudrais pas crever, un refus enragé du rendez-vous avec la mort, Le déserteur dans un sketch évoquant sa censure.

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La bande du Tabou © Benoit Fortrye

D’entrée on nous accueille dans un bar, le Tabou, réinventé sur scène, en nous proposant un verre et des pop-corn (vive l’Amérique !) dans un décor de cave cabaret avec des musiciens (piano, guitare, saxo, clarinette, percussions), un comptoir de bar, un micro sur pied, une piste de danse. L’interaction entre scène et salle se poursuit tout au long du spectacle. Il s’ouvre avec Si j’avais 1 Franc 50 de Vian, l’évocation des débuts de Saint-Germain-des-Prés d’après guerre, et, grâce à un film d’archives inventé, la découverte du Tabou par Juliette Greco. L’atmosphère s’installe avec un pot-pourri de jazz et des grands standards américains de l’époque revisités, en parfait anglais, avec humour, par la troupe d’acteurs chanteurs qui s’avèrent d’excellents danseurs dans les numéros chorégraphiés, quasi acrobatiques.

C’est le Tabou de l’explosion des libertés, de l’insolence, de la transgression où on fume, boit, chante, danse, pense, discute beaucoup. Il y a Vian, Greco, Sagan, Gainsbourg, Mouloudji, la désopilante Zazie, personnage de Zazie dans le métro, Sartre et Beauvoir caricaturés, entre autres dans un sketch parodie philosophique de « pince mi et pince-moi » et bien d’autres dont l’esprit et le talent ont émergé et marqué l’époque en la dépassant. Comme Brel ou Barbara dont la chanson très belle et peu connue Tu ne te souviendras pas est chantée par la pianiste. Entre le temps de l’euphorie et celui des menaces de l’ordre qui veille, en guise d’entracte, projetée sur un écran improvisé, une réclame pour Radiola, tirée des archives de l’époque.

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La bande du Tabou © Benoit Fortrye

L’atmosphère s’assombrit, le Tabou, foyer de désordre moral et intellectuel, survit aux menaces de fermeture, pourtant inéluctable. La dernière soirée, en finale, est un bouquet des plus belles chansons françaises, mémoire de cette époque (Les feuilles mortes, Je bois, Je suis comme je suis, Mon truc en plumes, Johnny tu n’es pas un ange, Jolie môme) qu’on ne cesse de se transmettre de génération en génération. Les brèves séquences s’enchaînent rapidement, s’emboîtent les unes dans les autres, formant un tout hybride où les rythmes et les ambiances changent du tout au tout, basculant de moments euphoriques, débridées, aux sombres, inquiétants. Il y a là à la fois de la fraîcheur, de la spontanéité, de l’invention, du savoir-faire, de la maîtrise et une harmonie remarquable du jeu scénique de ce collectif d’excellents interprètes dont cette création, évoquant le passé, amorcera, on le leur souhaite, un avenir prometteur.

Irène Sadowska Guillon

Théâtre 13 – Jardin
103 A bd Auguste Blanqui
75013 Paris
Réservations au 01 45 88 62 22

 

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