La Petite Renarde rusée – Opéra de Leoš Janácek – Direction musicale de Friedemann Layer – Mise en scène de Robert Carsen à l’Opéra du Rhin par Angélique Lagarde
Posté par angelique lagarde le 15 février 2013
La Petite Renarde rusée © F.Godard
La Petite Renarde rusée
Prihody Lisky Bystrousky
Opéra en trois actes de Leoš Janácek
Livret du compositeur
d’après Rudolf Tesnohlidek
Nouvelle production – Coproduction avec l’Opéra de Lille
Mise en scène de Robert Carsen
Direction musicale de Friedemann Layer
Avec Scott Hendricks, Corinne Romijn, Gijs Van der Linden, Enric Martinez-Castignani, Martin Bárta, John Pumphrey, Sophie Angebault, Rosemary Joshua, Hannah Esther Minutillo, Aline Martin, Anaïs Mahikian.
Les Chœurs de l’OnR
Les Petits Chanteurs de Strasbourg
Maîtrise de l’OnR
Et l’Orchestre symphonique de Mulhouse
A l’Opéra du Rhin
Jusqu’au 16 février à l’Opéra de Strasbourg
Et les 1er et 3 mars à la Filature de Mulhouse
Une petite renarde effrontée
Le même compositeur, Leoš Janácek, la même direction musicale de Friedemann Layer et pourtant Robert Carsen nous propose deux univers diamétralement opposé entre cette mise en scène haute en couleurs de La petite renarde rusée et celle de Kat’a Kabanova où il avait sublimé l’atmosphère austère du livret par une esthétique démentielle qui jouait avec l’élément naturel. Plus que rusée, cette petite renarde sous les traits de la soprano Rosemary Joshua est une véritable effrontée. Si la proposition peut intriguer, voire déranger, nous retiendrons la voix néanmoins fabuleuse de l’interprète et les lumières encore une fois divines de Robert Carsen et Peter Van Praet.
Le garde chasse attrape la petite renarde imprudente, elle fait la connaissance du chien de la maison qui tente d’abuser d’elle, dévore les poules, s’enfuie, rencontre l’amour de sa vie, fait des petits (avec beaucoup d’entrain !) et finalement se fait tuer par un chasseur. En effet, ici ce n’est pas la complexité de l’histoire qui posera problème au metteur en scène, mais pus grande encore est celle de choisir l’interprétation la plus juste… Que faire de ce véritable hymne à la nature à la portée aussi naïve que symbolique ?
Les décors et costumes de Gideon Davey sont une réussite absolue et parviennent à nous plonger dans cette ambiance fauve du début à la fin tout en conservant la spécificité de chaque protagoniste. Le couple de renards est tout en simplicité et en élégance, il se fait le reflet des voix si harmonieuses de la soprano Rosemary Joshua et de la mezzo-soprano Hannah Esther Minutillo. La perplexité intervient dans le traitement de la narration. Le parti pris de l’humour s’illustre à plusieurs reprises et notamment lors du combat entre la renarde et les poules où les protagonistes sont véritablement « accoutrées » en volatiles dans une chorégraphie inouïe de Philippe Giraudeau. L’émotion évidemment est là, et surtout lorsque notre héroïne se fait abattre par le chasseur. En revanche, un passage demeure énigmatique, la fête du mariage qui clôt le second acte dans une orgie. Si le propos était de mettre en scène l’animalité il est tenu mais était-ce réellement perspicace pour un opéra destiné à un public à priori familial ?
Si certains aspects de la mise en scène ne nous ont pas totalement convaincus, louons néanmoins le soucis de perfection des mises en scène de Robert Carsen du costume au décor en passant par les éclairages. Et surtout applaudissons encore une fois le compositeur de génie Leoš Janácek et l’orchestration toujours sans faute de Friedemann Layer.
Angélique Lagarde
Opéra national du Rhin
19 Place Broglie
67000 Strasbourg
Réservations au 03 88 75 48 01
La Filature
20, allée Nathan-Katz
68090 Mulhouse cedex
Réservations au 03 89 36 28 29