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Le théâtre de Koffi Kwahulé, une nouvelle mythologie urbaine par Caroline Barrière aux Editions L’Harmattan par Irène Sadowska Guillon

Posté par angelique lagarde le 10 novembre 2012

Le théâtre de Koffi Kwahulé, une nouvelle mythologie urbaine par Caroline Barrière aux Editions L'Harmattan par Irène Sadowska Guillon dans Rendez-Vous Litteraires koffi-kwahulecouv-181x300

Le théâtre de Koffi Kwahulé,
une nouvelle mythologie urbaine
par Caroline Barrière
Editions L’Harmattan, collection Univers théâtral

Théâtre de l’identité transformée

Auteur d’une trentaine de pièces de théâtre, Koffi Kwahulé, originaire de Côte d’Ivoire vit et travaille depuis plus de 30 ans en France. Il fait partie de la nouvelle génération des dramaturges qui remettent en question leur rapport identitaire à l’Afrique, à l’africanité et à la négritude. Dans son ouvrage Le théâtre de Koffi Kwahulé, une nouvelle mythologie urbaine, fruit de sa recherche pour sa thèse de maîtrise en Études Françaises à l’Université de Carleton (Ontario), Caroline Barrière s’attache à mettre en lumière, à travers l’analyse de six pièces de Koffi Kwahulé, ses stratégies dramaturgiques consistant à subvertir la mythologie fondatrice de la culture européenne : la Bible, le mythe de Faust, les rituels de l’Église catholique, en transformant leur signification au sein des problématiques contemporaines du racisme et de l’immigration. Cette nouvelle mythologie urbaine que construit Koffi Kwahulé dans son théâtre est consubstantielle de sa réflexion sur son rapport à l’Afrique, sur son expérience en France et sur la manière dont cela détermine sa façon de voir le monde.

Que signifie le concept de l’africanité, de l’identité africaine ? Identité devenue problématique pour Koffi Kwahulé : « Je n’ai jamais prétendu écrire – dit-il – un théâtre africain. Ce que les gens croient être un théâtre africain est une chose déjà morte. C’est une manière de réduire le Noir à l’expérience de ses propres fantasmes, de le fixer dans l’être, de lui refuser le devenir. »

Dans son étude Le théâtre de Koffi Kwahulé, une nouvelle mythologie urbaine, Caroline Barrière examine la manière dont Koffi Kwahulé affirme cette identité transformée par la subversion de la pensée élaborée dans certains textes fondateurs comme ceux relevant de la mythologie chrétienne et qui symbolisent le fondement de la société européenne dans laquelle il vit, sujet elle-même à diverses questionnements identitaires.

Laissant de côté l’aspect musical et le rapport au jazz du théâtre de Koffi Kwahulé et sa réflexion sur le post colonialisme, ces deux aspects pouvant être une matière pour d’autres approches de l’œuvre kwahulénienne, Caroline Barrière concentre ses recherches sur des thématiques dominantes dans six pièces choisies : Cette vieille magie noire, Bintou, Ave Maria, Big shoot, Blue-S-cat, Misterioso – 119, comme l’immigration, le racisme, la violence, les luttes de pouvoir et les problèmes de la banlieue.

Dans son analyse des textes elle recourt à l’anthropologie culturelle pour examiner certaines pratiques traditionnelles comme l’excision, le cannibalisme, mais aussi pour aborder le mythe selon les définitions de Claude Lévi-Strauss, de Roland Barthes et de René Girard. Les questions d’africanité et d’identité (Koffi Kwahulé est-il un auteur africain ?) liées à la notion de l’Afrique en tant que lieu géographique et au concept identitaire associé à la couleur noire, constituent la matière du premier chapitre. L’auteur analyse les divers discours identitaires se référant également aux idées issues du mouvement de la négritude défendues par Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor et remises en question par Frantz Fanon, ainsi qu’au concept de l’identité hybride formulé par Edouard Glissant. Elle aborde ensuite la remise en question par la nouvelle génération de dramaturges de leur rapport identitaire face à l’Afrique, à l’africanité et à la négritude.

Dans le deuxième chapitre, le mythe subvertit, se basant sur les définitions du mythe par Claude Lévi-Strauss, Roland Barthes et René Girard, Caroline Barrière analyse, à partir de trois pièces Cette vieille magie noire, Bintou et Ave Maria, l’usage, la réécriture et la subversion du mythe dans le théâtre de Koffi Kwahulé. Cette vieille magie noire correspondant au mythe de Faust, dans Bintou Kwahulé se réfère au calvaire du Christ et à sa crucifixion, et dans Ave Maria au mythe biblique de Caïn et Abel, toutes ces mythologies étant transposées dans un contexte contemporain.

Dans le troisième chapitre la mythologie de la victime Caroline Barrière aborde à travers l’analyse de trois pièces : Big shoot, Blue-S-cat, Misterioso – 119, la problématique des cérémonies et des rites de pouvoir (la figure du bouc émissaire, le meurtre sacrificiel, le rituel de la messe…) dans la nouvelle mythologie victimaire. Une conclusion et un entretien inédit avec Koffi Kwahulé sont suivis d’une bibliographie, d’une théâtrographie de Koffi Kwahulé et des notes.

L’ouvrage de Caroline Barrière constitue un apport considérable à l’ensemble des études du théâtre de Koffi Kwahulé qui, traduit et joué dans de nombreux pays, n’a pas trouvé toujours la place qu’il mérite sur nos scènes françaises.

Irène Sadowska Guillon

Le théâtre de Koffi Kwahulé,
une nouvelle mythologie urbaine
Par Caroline Barrière
Éditions L’Harmattan, collection Univers théâtral
230 pages prix 23 €

 

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