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La ballade des noyés de Carlos Eugenio Lopez – Mise en scène d’Eva Vallejo à la Manufacture – Avignon Off – par Marie-Laure Atinault

Posté par angelique lagarde le 3 juillet 2012

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La ballade des noyés © Guyom

La ballade des noyés
De Carlos Eugenio Lopez
Mise en scène d’Eva Vallejo
Musique Bruno Soulier
Avec Pascal Martin Granel, Sébastien Amblard
A la Manufacture du 7 au 28 juillet – Avignon Off – Tous les jours à 15h30

Bénéficiez d’un tarif réduit (12€ au lieu de 18€) jusqu’au samedi 28 juillet en effectuant vos réservations par téléphone  au 0899 65 25 45 (1,35€ par appel + 34 cts/min).Valable dans la limite des places disponibles !

Le tandem Vallejo-Soulier dans un voyage au bout de la nuit, passionnant !

Eva Vallejo et Bruno Soulier ont déniché le roman de Carlos Eugenio Lopez. Tout de suite ils ont aimé le dialogue de ces deux tueurs. Ils ont adapté pour la scène et nous offre un spectacle palpitant. Chacun de leurs spectacles est une nouvelle aventure esthétique.

Sur scène, il y a deux comédiens, Bruno Soulier qui joue sa musique envoûtante qui n’est pas un contre point mais un personnage à part entière de cette balade de mort au travers de la péninsule ibérique et une grosse voiture, deux hommes et un cadavre. Le corps est enveloppé dans une toile plastique puis rangé dans le coffre de la voiture. Une routine. Ils ont l’habitude de faire cela. Pas de questions inutiles, le processus est bien rodé. Ils font leur boulot. Un point c’est tout. Mais pas totalement. Il y a des certitudes, Alexandre Le Grand était macédonien. Il avait les yeux bleus, Alexandre. Les immigrés clandestins qu’ils tuent n’ont pas les yeux bleus. Si justement, il doit bien en avoir au moins un, qui avait les yeux bleus.

Mais au juste, ça fait combien de voyage au travers de la péninsule ibérique pour balancer les corps dans la mer ? Les tueurs parlent de tout et de rien, de leurs petites amies, d’Hitler et de ses talents de peintres contrariés, de Saint Paul et de Don Quichotte. De cette conversation anodine, les caractères semblent se dessiner, les consciences et des questions dangereuses affleurer. Pourquoi tuer ces arabes ? Pourquoi ces clandestins doivent finir balancer dans le détroit ? Mais parce que c’est leur job. Attention ce ne sont pas des hommes de mains sans foi, ni loi. Ils ont des petites manies comme le pique nique sur la route. Ils ont des délicatesses l’un pour l’autre, comme le choix de la musique pour plaire à l’autre. Ils ont un sens moral :
-Si je dormais, ce serait comme lui manquer de respect.
-C’était plus grave de le tuer.
La voiture file dans la nuit.

La respiration, l’ambiance, la mélopée nous enveloppe comme la nuit enveloppe la voiture dans sa course. Le roman écrit en 2000 décrit ce racisme ordinaire, il est d’une actualité, hélas palpable. La création lumière de Philippe Catalano nous plonge dans un monde entre réalisme et onirisme. La mise en scène d’Eva Vallejo est comme à son habitude un savant dosage entre le cornement du texte et ses chemins de traverse, elle dirige les spectateurs là où elle veut et les égare pour mieux qu’ils transcendent le texte. La voiture ne reste pas statique et elle est comme une coupe subliminale de cet espace confiné propre à des confidences métaphysique. Les tueurs sont des philosophes, un étrange compromis entre les personnages des Blues Brothers et Pulp fiction qui auraient croisés ce bon vieux Pedro Almodovar.

Pascal Martin Granel dans le rôle du vieux sage a cette évidence confondante, qu’il est le personnage, nous faisant croire qu’il ne joue pas mais qu’il est ce tueur féru d’histoire qui tue conscieusement, alors que nous savons l’exigence d’Eva Vallejo. Sébastien Amblard, est un jeune comédien étonnant, il met le doute, il questionne une société égoïste et déniche les failles d’un système. Lorsque nos deux tueurs usés par une nuit de veille se battent, puis dansent un tango Apache d’une beauté sidérante, la salle est subjuguée. Le style nerveux du texte, l’humour décalé et ce tandem de tueurs forment un road-movie qui fascine.

Marie Laure Atinault

La Manufacture
2, rue des écoles
84000 Avignon

 

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