Rencontre avec Tristan Petitgirard pour la mise en scène des Amants de Séville – Festival Futur Composé par Angélique Lagarde
Posté par angelique lagarde le 21 juin 2012
Les amants de Séville- Catherine Boni et sa chorale © Stephan Avoge
Les amants de Séville
Opéra Comique en 3 actes
De Gilles Roland-Manuel
Mise en scène de Tristan Petitgirard
D’après Da Ponte, Marimée et Sterbini
Musiques de Bizet, Mozart et Rossini
Chorégraphie tauromachique : Vincent Blondeau
Avec Benjamin Penamaria, Lori Armena, Raphaël Kaney Duverger, Tatiana Probst, Anas Seguin, Stéphane Leach (pianiste et compositeur), les musiciens de l’ensemble Calliopée, Catherine Boni et sa chorale d’Al- les Vives Voix, le guitariste et chanteur Flamenco Paco el Lobo, les comédiens du Théâtre de Cristal, les résidents autistes de divers IME et la participation d’Anne-Sophie Lapix.
Sous le parrainage de Nathalie Dessay et Laurent Naouri
Au Théâtre Le Monfort jusqu’au 24 juin dans le cadre du Festival Futur Composé
Le miracle de la rencontre
Don Juan et Carmen, Mozart et Bizet, des comédiens et chanteurs atteints de troubles autistiques et l’un des maîtres du Flamenco, ce sont autant de rencontres incongrues qui créent la magie de cette proposition hors norme tant elle dépasse le degré d’émotion couramment rencontré ! Rappelons que 2012 est l’année de l’autisme et qu’il est plus que grand temps de découvrir ce fantastique événement qui est un pas de plus pour transcender le handicap ! Tristan Petitgirard a fait le pari insensé de mettre en scène cette superbe fantaisie de Gilles Roland-Manuel et accepte à deux jours de la première, de nous révéler ses secrets de fabrication…
Kourandart : Tristan Petigirard vous êtes en train de mettre en scène Les amants de Séville de Gilles Rolland-Manuel, Président du Festival Futur Composé, pouvez-vous nous raconter comment vous avez intégré ce projet ?
Tristan Petigirard : Tout d’abord, j’ai été spectateur du Festival Futur Composé, et j’y ai même participé en tant que comédien sur le précédent spectacle. J’ai donc rencontré Gilles Roland-Manuel qui ensuite est venu voir mes spectacles. Ayant appris que j’avais une formation musicale et théâtrale, il m’a donc proposé de mettre en scène cet opéra et j’ai accepté avec joie !
KA : C’est votre première mise en scène d’opéra ?
TP : J’ai déjà fait des spectacles musicaux, mais oui, c’est mon premier opéra. Ceci dit, il faut avouer qu’avoir grandi dans la musique avec un père compositeur et chef d’orchestre (Laurent Petitgirard) cela m’a familiarisé très tôt avec cet univers.
KA : Comment avez-vous abordé cette partition ?
TP : Je l’ai abordée à l’image de ce qu’est ce festival, c’est-à-dire une rencontre, la rencontre entre des artistes professionnels et des autistes. Puis à l’intérieur de l’opéra également, il y a une rencontre entre différents composteurs et différents genres avec le flamenco et le lyrique. J’ai vraiment fondé ce spectacle sur la rencontre.
KA : Quel est le propos des Amants de Séville ?
TP : C’est la rencontre imaginaire et fantasmée entre les deux plus grands séducteurs de l’Opéra, Don Juan et Carmen qui tenteront de faire céder amoureusement l’autre et s’y brûleront jusqu’à en mourir et l’un et l’autre. C’est une séduction qui va jusqu’à la mort.
KA : Avec un siècle d’écart entre les deux oeuvres, quels outils avez-vous employés pour apporter une cohérence au spectacle ?
TP : Il est vrai qu’historiquement il y a un siècle d’écart entre le Don Juan de Mozart et le Carmen de Bizet et donc je me suis amusé à conservé cela dans les costumes ; ils sont chacun dans un costume appartenant à leur siècle et par conséquent, ce qui fait la cohérence, c’est encore une fois, la rencontre !
KA : C’est donc un spectacle musical et les chants sont interprétés notamment par une chorale d’autistes…
TP : Oui, j’ai travaillé avec la Chorale d’Al qui est composée de jeunes autistes et d’amateurs éclairés, dirigée par Catherine Boni qui fait un travail depuis plusieurs années avec eux et participe chaque année au festival. Ces jeunes constituent vraiment le socle, le coeur du spectacle. C’est complètement dingue de les entendre chanter aussi bien l’Opéra !
KA : Vous avez également collaborés avec des comédiens autistes, entre autres, du Théâtre de Cristal d’Olivier Couder…
TP : Et ils ne savent pas que jouer la comédie, ils dansent aussi ! Carmen qui est aussi la chorégraphe du spectacle, Lori Armena, leur a enseigné cette chorégraphie flamenco. J’étais en effet allé voir le Théâtre du Cristal comme cela j’ai pu imaginer qui je pourrais choisir pour chaque rôle et ils sont donc cinq et deux tiennent vraiment des rôles principaux.
KA : Et qui interprète le rôle de Don Juan ?
TP : Ce n’est pas un comédien autiste, c’est Benjamin Penamaria qui est le seul comédien professionnel non danseur. Ensuite, il y a des comédiennes professionnelles mais qui sont aussi danseuses de flamenco. Vous l’avez probablement vus dans divers spectacles, notamment au Théâtre 13 dans Les Fleurs Gelées de Strindberg mis en scène par Léonard Matton ou plus récemment Zadig de Voltaire dans la mise en scène de Gwenhael de Gouvello.
KA : Peut-être pouvons nous citer les autres membres, personnes et associations qui participent à la distribution de la pièce ?
TP : Déjà je voudrais parler des éducateurs qui m’ont considérablement aidé dans mon travail. Non seulement ils s’occupent des jeunes mais ils sont présents aussi sur scène et vraiment je ne peux pas faire le spectacle sans eux donc je leur en suis extrêmement reconnaissant. Puis il y a l’ensemble classique Calliopée composé de neuf musiciens puis enfin, ma partition flamenco est interprétée par Lori Armena accompagnée de deux danseuses et du grand Paco El Lobo à la guitare. Nous sommes 85 sur scène !
KA : Et quand vous dîtes que les éducateurs sont sur scène, c’est-à-dire qu’ils ont des rôles de figurants ?
TP : Pas du tout, comme les jeunes, ils jouent, ils chantent et il dansent !
KA : Combien de temps vous a-t-il fallu pour créer ce spectacle ?
TP : J’ai travaillé pendant huit mois une fois par semaine et ensuite pendant deux mois à temps complet.
KA : Les autistes étant résidents de centre, vous vous déplaciez pour travailler avec eux ?
TP : Oui et ils ont été extrêmement souples pour faire les répétitions en continue sur les deux mois, ils ont été géniaux ! Nous avons réussi à aménager des horaires pour mener à bien le projet.
KA : Prêts pour la première ?
TP : C’est bien d’être prêts la veille, sinon on s’ennuie (rires). Il y a encore de petites choses à fixer mais je suis très heureux du résultat.
KA : Merci beaucoup et rendez-vous après-demain alors !
Propos recueillis par Angélique Lagarde
Nous avons depuis assisté à la première du spectacle qui a reçu un immense enthousiasme du public, amplement mérité. Les tableaux sont de toute beauté, des scènes cultes de Don Juan et Carmen à une superbe chorégraphie tauromachique, l’énergie époustouflante et les interprètes tout simplement remarquables ! Ne tardez pas à réserver avant que les représentations n’affichent complet !
Le Monfort
106, rue Brancion
75015 Paris
Réservations au 01 56 08 33 88
Site du festival : http://www.festivalfuturcompose.org