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Les mémoires improvisés d’un montreur de marionnettes d’Alain Recoing par Irène Sadowska Guillon

Posté par angelique lagarde le 21 octobre 2011

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Les mémoires improvisés d’un montreur de marionnettes
Alain Recoing
Co-édition Institut International de la Marionnette – Editions de l’Entretemps

Alain Recoing passeur et réinventeur de l’art de la marionnette

Maître et référence incontestable en art de la marionnette, Alain Recoing a contribué comme personne d’autre à sa redécouverte et à son renouvellement en lui restituant ses lettres de noblesse et sa place d’un art à part entière sur la scène française d’après la Seconde Guerre Mondiale. Il consigne dans cet ouvrage sa mémoire de plus de 60 ans de création théâtrale et de vie militante en l’inscrivant à la fois dans la longue tradition de l’art de la marionnette, dans son héritage personnel et dans des événements marquant son évolution depuis 1950 à nos jours.

« Il ne s’agit ni d’une histoire ni d’une chronologie exhaustive, détaillée » avertit-il. L’étendue de sa pratique à travers sa recherche, les thèmes, les traditions et les textes abordés, est par excellence universelle. Une mémoire personnelle enrichie dans cet ouvrage par des nombreux documents, rapports, témoignages et une quantité de photos.

Rarement l’histoire et l’évolution d’un art à une époque s’incarnent à ce point dans l’histoire personnelle et dans le parcours d’un artiste, en l’occurrence d’Alain Recoing, qui a restitué à la marionnette sa qualité d’art majeur. La réhabilitation, la renaissance et la réinsertion des arts de la marionnette dans la création théâtrale à travers les recherches des avant-gardes datent du début du XXe siècle. Le phénomène du cabaret littéraire et la création pour le jeune public contribuent énormément au retour de la marionnette sur les scènes, elle va peu à peu s’imposer dans d’autres formes de spectacle, théâtre dramatique, lyrique, danse et même au cinéma. Une conquête dont Alain Recoing sera un des maîtres essentiels.

Formé à l’art de l’acteur par Gaston Baty, il découvre grâce à lui sa vocation de marionnettiste. Dès 1948 il participe comme interprète au Théâtre de marionnettes à la française de Gaston Baty, puis fonde sa compagnie « Théâtre aux mains nues ». Sa collaboration avec Antoine Vitez se poursuivra pendant de longues années, culminant dans une série de créations au Théâtre de Chaillot dans les années 1980.

Désormais, plus de frontières pour la marionnette. Alain Recoing explore dans sa pratique toutes ses potentialités dans des espaces et dans des formes différentes allant du cabaret à la télévision, des préaux d’école aux spectacles de rue et de foire, des créations en Afrique, en Indonésie, au Théâtre National de Chaillot, à l’Opéra de Hambourg, à l’Opéra-Comique, au Festival d’Avignon. Le champ de ses créations, extrêmement vaste, va des traditions des marionnettes allemandes, anglaises, africaines, chinoises, arabes, théâtre de Guignol, contes populaires, farces moyenâgeuses, comédies de Molière, adaptations des contes d’Andersen et des frères Grimm, de Gilgamesh, des œuvres de la littérature mondiale : Cervantès, Kipling, Lewis Carroll, Alexis Tolstoï, au théâtre pour marionnette de Lorca, aux œuvres dramatiques et à l’opéra (la Traviata de Verdi, Le tréteau de maître Pierre de Manuel de Falla).

Acteur, il joue au théâtre et au cinéma, travaille pour la télévision et crée pour la radio (ORTF) Martin Martine, une série de 146 épisodes. La cause de la marionnette est au cœur de son travail. Militant pour la reconnaissance de l’art de la marionnette et de la profession de marionnettiste, il est membre fondateur et président à trois reprises du Centre National de la Marionnette et contribue à fonder Themaa, UNIMA France. Il crée en 2001, pour transmettre son expérience, une salle d’art et d’essai destinée à la création, à la formation et au soutien des jeunes compagnies, dont il transmet la direction en 2007 à son fils Eloi Recoing, son collaborateur de longue date.

Aux souvenirs et au regard personnel d’Alain Recoing sur le monde de la marionnette, sur ses créations, ses collaborations, notamment avec Antoine Vitez, Anne Delbée, sur ces combats et les polémiques auxquelles il a été mêlé, s’intègrent les diverses annexes. Ainsi : chronologie des arts de la marionnette et de ses formes depuis les origines jusqu’à 1900, bibliographie sélective de Gaston Baty, marionnette et représentations liturgiques, le règne de Polichinelle, le XIXème siècle, les crèches, les personnages régionaux, marionnettes foraines, le théâtre de salon, etc…

Parmi ces documents, on trouvera également la lettre d’Antoine Vitez à Bernard Dort sur l’importance de la présence du théâtre de marionnettes et une très percutante analyse des causes de la situation économique de la faillite devant laquelle se trouvent les troupes du théâtre d’animation. Plus de 150 photos de spectacles et de stages, de fabrication de marionnettes, de démonstrations des techniques des poupées, la liste des spectacles auxquels Alain Recoing a participé comme interprète, le répertoire de ses spectacles dramatiques et de ses créations à l’ORTF, enfin ses rôles au cinéma, son travail de formateur et l’index des noms, complètent cet ouvrage vivant, passionnant, qui nous projette au cœur d’une vie et d’un art.

Irène Sadowska Guillon

Les mémoires improvisés d’un montreur de marionnettes
Alain Recoing
Co-édition Institut International de la Marionnette – Editions de l’Entretemps
279 pages, 30 €.

 

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