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Alain Crombecque, au fil des rencontres par Irène Sadowska Guillon

Posté par angelique lagarde le 6 décembre 2010

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Alain Crombecque, au fil des rencontres
Par Christine Crombecque

Un destin au fil du hasard

Il y a un peu plus d’un an, le 12 octobre 2009, disparaissait à 70 ans Alain Crombecque, figure irremplaçable des arts et de la culture. Son nom restera à jamais lié aux deux grands festivals qu’il dirigea : le Festival d’Avignon de 1985 à 1992 et le Festival d’Automne à Paris de 1974 à 1978 et de 1992 à 2009. Sa vie professionnelle, tissée au fil des rencontres de voies multiples, incarne aujourd’hui les évolutions et les événements marquants du paysage culturel et artistique français. Alain Crombecque, au fil des rencontres n’est pas un livre d’hommage ni une biographie mais une tentative de retenir le vivant, la mémoire fragile des instants furtifs mais aussi déterminants, de mêler la voix d’Alain avec celle de ses proches, amis, artistes et collaborateurs et de nous laisser découvrir l’univers plus intime, hors champ, de cet homme secret, à l’apparence taciturne, qui parlait peu, se méfiait de l’institution et du parisianisme.

Alain Crombecque, homme de l’ombre, discret et figure essentielle de la vie culturelle française de ces 40 dernières années. Militant engagé et vice président de l’UNEF, syndicaliste et activiste artistique dès le début des années 1960, il organise et anime des festivals de théâtre universitaire. Il travaille en 1967 aux côtés de Peter Brook puis avec Jérôme Savary, Alfredo Arias, Victor Garcia avant de rejoindre Jack Lang au Festival de Nancy qui le charge entre 1978 et 1981 de missions internationales. Entre 1981 et 1985 il est conseiller artistique auprès de Patrice Chéreau au Théâtre Nanterre Amandiers qu’il quitte pour prendre la direction du Festival d’Avignon.

L’exigence, l’exception, l’excellence et la curiosité pour les cultures des autres, seront sa marque de fabrique autant au Festival d’Avignon qu’au Festival d’Automne dont il fait un rendez-vous mondial de la création pluridisciplinaire : théâtre, danse, musique, arts plastiques. Ses programmations ont été une subtile alchimie entre découverte et fidélité à certains artistes.

Il fait découvrir, impose et accompagne des artistes comme Tadeusz Kantor, dont il fut  le premier à avoir vu La classe morte en 1967 à Cracovie, Bob Wilson, Carmelo Bene, Mauricio Kagel, Merce Cunningham, Saburo Tachigawana, Klaus Michael Grüber et tant d’autres. Il était toujours là où quelque chose éclosait, guetteur attentif des talents émergents, décrypteur des nouvelles formes d’expression artistique.

A travers documents privés, correspondance, photos, témoignages, entretiens, articles de presse, au-delà de l’homme public qui savait comme personne allier la prise de risque, le goût de la beauté et le désir de partager, se dessine dans le livre un portrait inédit, plus intime d’Alain Crombecque, de ses jardins secrets qu’il protégeait toujours avec pudeur. Des souvenirs personnels, des évocations de l’enfance, des origines juives d’Alain, leur mariage, des instants de leur vie commune, de leur histoire d’amour, déposés avec délicatesse par Christine, sa femme dans la préface, ouvre le livre auquel Laure Adler apporte dans la postface « L’éveilleur des désirs » un point final, l’histoire d’une longue complicité et amitié. À travers les souvenirs reliés aux événements, aux défis et aux choix artistiques, apparaissent des traits secrets, intimes d’Alain Crombecque, sa manière d’être, son éthique, son intégrité, sa loyauté.

En écho aux entretiens avec Joëlle Gayot « À voix nue » en 2006 et avec Alain Veinstein « Raison de plus » en 2009, enregistrés par France Culture, retraçant les étapes du parcours d’Alain Crombecque, répondent les témoignages d’artistes et d’amis du spectacle : Jacques Bonnaffé, Annette Messager, Nathalie Holt, Hermine Karagheuz, Michèle Meunier, Valérie Dréville, Isabelle Huppert, Georges Lavaudant, Mathilde Monnier et d’autres. Une chronologie, repères biographiques et une très riche iconographie : photos de la vie privée et professionnelle, d’événements, affiches de spectacles, etc… complètent ce livre accompagné d’un CD avec un entretien d’Alain Crombecque, hommage à Antoine Vitez, enregistré au Festival d’Avignon.

Tout à l’opposé des éloges et des célébrations posthumes, à partir de fragments de mémoire, d’instants de vie, de faits et d’événements, le livre restitue la figure à la fois publique et secrète de celui à qui plusieurs générations d’artistes doivent tant.

Irène Sadowska Guillon

Alain Crombecque, au fil des rencontres
Par Christine Crombecque
Éditions actes Sud, 2010
122 pages, CD inclu, 32 €

 

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