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L’Odéon un théâtre dans l’Histoire sous la direction d’Antoine de Baecque par Irène Sadowska Guillon

Posté par angelique lagarde le 6 novembre 2010

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L’Odéon
Un théâtre dans l’Histoire

sous la direction d’Antoine de Baecque
Éditions Gallimard 2010,310 pages, 29 €

La saga de l’Odéon

Il n’existait pas d’histoire de l’Odéon, le plus ancien « théâtre monument » de Paris, inauguré en 1782, impliqué plus qu’aucun autre, depuis plus de deux siècles, dans l’histoire de la société française, cœur et scène même à la fois d’événements politiques, culturels et théâtraux. L’ouvrage dirigé par Antoine de Baecque Lacune vient combler cette lacune. L’intitulé, L’Odéon un théâtre dans l’Histoire, indique d’emblée l’articulation particulière entre l’Histoire mouvementée, les évolutions de la société française et l’histoire de l’Odéon, espace hétéroclite de création théâtrale où la modernité, le geste révolutionnaire et le répertoire, l’esprit conservateur, n’ont cessé de se croiser.

La parole scandaleuse de Figaro défiant l’ordre établi qui retentit en 1784 dans cette nouvelle salle du Théâtre Français, puis la tourmente de la Révolution de 1789 où il devient Théâtre de la Nation, auront été fondatrices pour ce théâtre qui à maintes reprises sera la scène de « révolutions » théâtrales et politiques.

C’est ici que depuis les années 1830 Hugo, Musset, Vigny, tentent d’imposer le nouveau drame romantique. On y monte à la fin du Second Empire des auteurs contemporains : George Sand, Théophile Gautier, Sarah Bernardt y triomphe dans Kean de Dumas, etc… André Antoine, Firmin Gémier entre autres dirigeront ce théâtre au début du XXe siècle. Sous le règne de Malraux, avec ses ambitions culturelles, l’Odéon, rebaptisé Théâtre de France, est confié en 1959 à Jean-Louis Barrault qui en fait un haut lieu de création des œuvres de Ionesco, Beckett, Sarraute, Pinget, Gautier, Genet dont Les paravents déclenchent en 1966 de violentes manifestations. La page est tournée avec la prise de l’Odéon en mai 1968. Le théâtre redevient en 1969 la seconde salle de la Comédie Française, mais reste cependant ouvert aux grands créateurs avec notamment Luca Ronconi qui y présente en 1970 son célèbre Orlando furioso et Patrice Chéreau un Richard II. Le Petit Odéon, inauguré en 1977 par Maurice Béjart, s’illustrera comme lieu de création et de découverte d’auteurs de Vinaver, Grumberg, Handke à Koltès et Lagarce.

Jack Lang accepte en 1983 le projet de Giorgio Strehler de créer un Théâtre de l’Europe à l’Odéon et lui en confie la direction six mois par saison. Lluis Pasqual lui succède en 1990 à la tête du Théâtre de l’Europe installé désormais à l’Odéon à plein temps. Suivent Georges Lavaudant de 1996 à 2006 et depuis 2007 Olivier Py qui souhaite faire de ce théâtre « une agora où s’énonce le débat de la cité. »

A travers une approche plurielle, croisant l’histoire de la société et celle des politiques culturelles dont l’Odéon est en quelque sorte un laboratoire intermittent, les auteurs du livre constituent une « biographie » du théâtre dans laquelle les périodes fastes, d’ouverture à la modernité, à la création alternent avec « des tunnels de ringardise », le repliement sur un répertoire désuet, quasi boulevardesque. Les études d’Antoine de Baecque sur la fondation du Théâtre Français et la période révolutionnaire jusqu’à 1808 et sur l’Odéon d’Olivier Py encadrent les époques et les métamorphoses successives de l’Odéon tantôt redevenant succursale de la Comédie Française, tantôt théâtre indépendant.

Parmi les contributeurs, Marie-Pierre Rootering couvre la période de 1808 à 1896, Karim Haouadeg de1896 à 1959, Pascale Goetschel de1959 à 1968, Emmanuelle Loyer les événements de 1968 et la personne de Colette Godard chargée de la transition de l’Odéon vers le Théâtre de l’Europe et de ses directions par Lluis Pasqual et Georges Lavaudant. Cet ouvrage présente des études extrêmement documentées, nourries des archives, des références, parfois d’analyses de spectacles marquants, des portraits d’hommes de théâtre, d’acteurs, illustrées par une très riche iconographie : gravures, peintures, photos et reproductions de maquettes, de manuscrits, d’affiches, des articles de presse. Il s’accompagne d’un appareil de notes, d’une chronologie extrêmement précise, d’une bibliographie, d’un index et d’une table des illustrations. Certes il s’agit d’un livre d’Histoire et donc de faits relatés avec un maximum d’objectivité mais pour la partie de l’histoire récente de l’Odéon, celle que nous avons vécue, on s’attendrait à un zeste de regard critique qui fait totalement défaut.

Irène Sadowska Guillon

 

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