Figaro divorce de Ödön Von Horvath – Mise en scène de Jacques Lassalle – Reprise à la Comédie Française – par Marie-Laure Atinault
Posté par angelique lagarde le 16 octobre 2009
Figaro Divorce © Comédie Française/Cosimo Mirco Magliocca
Figaro divorce a été nominé pour le Molière du Théâtre Public.
Figaro divorce
de Ödön Von Horvath
Mise en scène de Jacques Lassalle
Avec les comédiens Français dont Michel Vuillermoz
Fut à l’affiche du 31 mai 2008 au 19 juillet 2008 la comédie française – Salle Richelieu
Reprise du 26 septembre 2009 au 7 février 2010 à 20h30 (matinées à 14h00)
La liberté camarade ou comme l’exil est bien amer !
Les personnages échappent à leurs auteurs, Figaro, le virevoltant Barbier de Séville, désespérant que son créateur Beaumarchais lui fasse vivre une quatrième aventure, se livra à Ödön Von Horvath pour d’autres avatars. Figaro suit son maitre le Comte Almaviva en exil, la France révolutionnaire est fort coupeuse de tête aristocratique. Les exilés sont reçu avec suspicion. Almaviva et la comtesse habitués à vivre en maitre, en dehors de toutes contraintes financières, s’adaptent fort mal. Ce revers de fortune les plonge dans un monde inconnu et hostile. Figaro va prendre sa liberté et s’établir comme barbier et coiffeur, mais Suzanne habituée aux délicatesses du salon de sa chère comtesse, méprise sa vie provinciale et quitte son mari…
Ödön Von Horvath ( 1901-1938) est un enfant de la guerre balloté dans un monde qui change de frontières. Devant se faire à de nouvelles langues, de nouveaux modes de vie, il observe avec une acuité et un sens de détail corrosif le monde qui l’entoure. A nouveau, il doit s’exiler, un destin contraire voudra qu’il meurt à Paris, avant de s’embarquer pour les U.S.A. Dans la pièce, il a mis ses constatations personnelles acquises par son expérience, dans la bouche de Figaro ou de Almaviva qui ne veut pas comprendre que son monde n’existe plus. Figaro Divorce est une belle pièce amère sur l’usure du temps, sur l’exil et la méfiance des nations.
Figaro Divorce © Comédie Française/Cosimo Mirco Magliocca
Jacques Lassalle signe une mise en scène efficace, sobre et terriblement percutante. Au début, les personnages portent leurs vêtements de l’ancien régime et glissent peu à peu dans une autre époque. Tout est réglé à la perfection, du grand art. Michel Vuillermoz compose un Figaro ambigu entre son attachement à un maitre qui ne fut pas toujours très correct mais avec son valet mais ils partagèrent bien des aventures, et son sens aigu de la liberté et de la justice. Le figaro domestique est tout autre, il ne comprend pas le désarroi de Suzanne, quand l’épouse infidèle revient le regard qu’il porte sur elle est de celui qui peut faire fondre la plus irréductible des chiennes de garde, émouvant, attachant terriblement mélancolique et porteur d’espoir. Michel Vuillermoz entre avec cette composition dans le catalogue très restreint des compositions de légende, il est prodigieux et toutes les femmes souhaitent être regardée avec l’œil de Figaro- Michel Vuillermoz.
Marie- Laure Atinault
Comédie Française – Salle Richelieu
Place Colette
Paris 1er – Métro Palais Royal Musée du Louvre / Pyramide
Réservations : 0825 10 1680 ou sur Internet