Le jour où Nina Simone a cessé de chanter – En tournée par Angélique Lagarde
Posté par angelique lagarde le 3 novembre 2008
Darina Al Joundi ©Ange Esposito
Noun Compagnie et le Théâtre des Halles
Texte : Darina Al Joundi et Mohamed Kacini
Mise en scène : Alain Timar
Avec Darina Al Joundi
En tournée du 4 octobre 2008 au 23 avril 2009
Prochaine date en Ile de France : le Vendredi 7 novembre 2008 – 21h – Chapelle du Séminaire
dans le cadre du Festival Théâtral du Val d’Oise – http://www.thea-valdoise.org/
Réservations : 01 39 83 78 83
Centre culturel ART’M
Place du Québec
95360 Montmagny
La liberté à feu et à sang
Après le succès parisien à la Maison des Métallos la saison dernière puis le retour victorieux à son lieu de création, le Théâtre des Halles en Avignon dirigé par le metteur en scène Alain Timar, Le jour où Nina Simone a cessé de chanter part en tournée. Sous le pseudonyme de Noun, Darina Al Joundi, née en 1968 au Liban, nous donne à entendre le témoignage bouleversant de son combat pour la liberté. Avec la participation de l’écrivain Mohamed Kacini, sous la forme d’un acte théâtral, elle adresse cette lettre ouverte à son père, celui qui lui a transmis la passion de la lutte.
Les premières notes de Sinnerman de Nina Simone envahissent l’espace. Dès cet instant, vous savez que plus jamais vous n’entendrez cette chanson de la même façon. Elle transmet toute la douleur, la violence et la passion du parcours de Noun. Le jour où le Nina Simone a cessé de chanter, c’est le jour où le père de Darina a cessé de respirer, le jour où elle aurait voulu que tout s’arrête un instant, que les chants religieux, que le Coran se taisent et qu’elle puisse enfin tout lui dire. C’est le jour où Noun est née.
Issue d’une famille d’intellectuels, la jeune Noun a eu une enfance privilégiée : elle a été scolarisée dans le privé, la maison débordait de livres et elle a toujours été entourée d’artistes que ses parents avaient plaisir à recevoir. Puis tout s’est passé très vite. Fervent défenseur de la liberté, son père a été contraint de fuir pour survivre, les conflits étaient de plus en plus en plus violents à Beyrouth et l’adolescente s’est retrouvée projetée dans un univers parallèle, celui des rues, des rues à feux et à sang.
Elle pensait être armée pour ce combat, elle s’y est jetée à corps perdu, s’est laissée séduire par les artifices qui pouvaient atténuer sa souffrance, la sortir de la réalité. Alcool, drogue et sexe, elle nous raconte tout, témoignage impudique de sa douleur et de sa survie. Elle a subi le poids des regards, des jugements, elle est devenue la femme à bannir, celle qui a enfreint les règles de la bienséance, du religieux. Elle a voulu porter la voix des femme. En retour, on lui a fait payer le prix de la liberté.
Darina Al Joundi, seule au centre d’un plateau nu, éclairée d’une bougie, vêtue d’une simple robe rouge, nous délivre ses mots avec une sincérité déconcertante. La notion d’empathie prend tout son sens. Durant cette heure, elle nous aura offert de ne plus être simples spectateurs mais témoins.
Angélique Lagarde
Extrait du spectacle et toutes les dates de tournée sur le site officiel:
http://www.lejourouninasimoneacessedechanter.com
Le jour où Nina Simone a cessé de chanter de Darina Al Joundi et Mohamed Kacini est paru aux éditions Actes Sud.