Alouette de Dezsö Kosztolàny par Angélique Lagarde
Posté par angelique lagarde le 29 septembre 2008
Alouette de Dezsö Kosztolàny
Mise en scène de Sylvia Folgoas
Avec Danielle Douet et Alphonse Cemin au piano
Jusqu’au 25 octobre au Théâtre Daniel Sorano de Vincennes
Parents je vous aime
Et ils l’aiment en retour ce vilain petit oiseau, leur tendre Alouette, un surnom qui lui va si mal à cette chère enfant. Dezsö Kosztolànyi a écrit cette jolie fable cruelle au début du XXème siècle et c’est dans toute son atemporalité que la mise en scène de Sylvia Fogoas nous la révèle aujourd’hui. Danièle Douet, seule en scène, campe magnifiquement chacun des protagonistes de cette fantaisie hongroise ponctuée par de beaux morceaux classiques interprétés au piano par Alphonse Cémin.
Dire qu’Alouette n’est pas jolie serait une litote. La pauvre enfant n’a pas reçu les grâces de Mère nature, au grand dam de ses parents qui la voyant avancer en âge désespèrent de lui trouver un mari. Pour changer un peu son quotidien, le couple envoie Alouette une semaine à la campagne. Ce n’est pas tant la vie de leur fille qui va être bouleversée par ce voyage, mais la leur. Petit à petit, ils vont exister à nouveau et soudain ils vont simplement réaliser à quel point leur progéniture est laide !
Avec beaucoup de soins et de tendresse, ils préparent ses bagages, l’accompagnent à la gare, la regarde tristement s’éloigner… Puis, ils croisent tout à coup le regard du chef de gare, le regard fourbe de cet homme qui les a laissé croire, de cet homme qu’ils n’auront jamais pour gendre. Ils rentrent à la maison, il faut continuer à vivre. Il faut dans un premier temps s’alimenter. C’est Alouette qui se charge de la cuisine habituellement, il n’y a donc d’autre solution que d’aller au restaurant.
D’abord gênés d’être en ces lieux, de prendre goût à ces mets délicieux qui n’ont pas été concoctés par leur chère enfant, ils se laissent finalement aller à de nouveaux plaisirs. Issus de la bourgeoisie hongroise, ils renouent des liens avec leurs anciens camarades, recommencent à sortir, à accepter des invitations, à se rendre au théâtre. Ils réalisent alors ces années de vie mise entre parenthèse, ces bonheurs oubliés… mais Alouette va revenir, mais Alouette !
D’un humour au cynisme exacerbé, Dezsö Kosztolànyi nous dépeint cette petite société si loin de nous avec ses préoccupations si profondément humaines, pourtant si proche des nôtres. Dans la mise en scène justement épurée de Sylvia Folgoas, brillamment accompagnée au piano d’Alphonse Cémin, la comédienne, Danièle Douet donne vie à chacun des protagonistes de cette fable dont la fragilité et les failles transforment la monstruosité en enchantement.
Angélique Lagarde
Théâtre Daniel Sorano
16, rue Charles Pathé
Métro château de Vincennes Ou RER A Vincennes
Réservations au 01 43 74 73 74 www.espacesorano.com